En 2023, l’UAR Persée a fêté ses 20 ans d’existence ! Acteur majeur de la Science ouverte à travers ses missions de numérisation, de diffusion et de valorisation du patrimoine documentaire scientifique, Persée a su innover, au cours de ces deux décennies, pour répondre aux enjeux actuels et futurs de la Recherche. C’est sous la forme d’une journée professionnelle — et festive ! — que l’équipe a souhaité célébrer cet anniversaire important, le 10 novembre dernier, en compagnie des acteurs historiques du programme et de ses partenaires actuels. Retour sur les interventions et les thématiques qui ont rythmé cette journée.
Des ateliers participatifs
La première partie de la journée, consacrée à des ateliers en petits groupes, avait pour thématique les nouveaux défis posés par la mise à disposition des publications et corpus de recherche : de « La construction et la diffusion de données FAIR dans l’écosystème de l’édition scientifique » (Persée – Prairial) à l’« Enrichissement, diffusion et visualisation des données pour la constitution d’une offre de service à destination de la Recherche » (Persée – INIST), en passant par la découverte de la chaîne de production Persée, l’objectif de cette matinée était de mettre en lumière différents projets co-portés par Persée et ses partenaires, et de susciter des échanges autour des propositions, avancées et écueils présentés.
Une plénière historique et prospective
La seconde partie, en plénière, a quant à elle permis de revenir sur la genèse et l’évolution de Persée sur les deux dernières décennies à travers la mise en place de partenariats institutionnels et scientifiques, et l’ouverture aux nouveaux enjeux de la Science ouverte.
Alain Schuh (CNRS), Stéphane Parola (ENS), Pascale Bourrat-Housni (MESR), Gabrielle Richard (Persée), Françoise Thibault (Alliance ATHENA)
Après une introduction par Gabrielle Richard, Directrice de Persée, les discours d’ouverture des tutelles ont mis l’accent sur l’importance de Persée dans le paysage de la Recherche, notamment à travers la mise à disposition des sources pour des travaux sur des sujets sociétaux majeurs (Stéphane Parola, Vice-président Stratégie à l’ENS de Lyon), le soutien apporté aux équipes de recherche et la coopération avec les différentes infrastructures en information scientifique (Alain Schuhl, Directeur Général Délégué à la Science du CNRS) ou encore l’impulsion donnée au rayonnement des publications scientifiques françaises et francophones (Pascale Bourrat-Housni, Sous-directrice Territoire, Société, Savoirs, du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche). Dans une intervention en vidéo, Marin Dacos, Coordinateur national de la science ouverte au MESR, a redit la place de Persée, qui fête également son millionième article en ligne, dans la diffusion ouverte de la recherche française aux côtés d’Open Edition et de HAL.
« Innover pour ouvrir les publications savantes : la mission de Persée dans un siècle numérique »
Une première table ronde, réunissant les directeurs successifs de Persée (Gilbert Puech, Nathalie Fargier), des membres de l’équipe historique (Bruno Morandière, Viviane Boulétreau), ainsi que des partenaires de la première heure (Jean-Louis Soubret pour Armand-Colin, Élise Bergeron pour Érudit), a rappelé les enjeux que Persée a dû relever lors de sa création en 2003, tels que développer une chaîne de traitement complète et innovante en réalisant des choix techniques et intellectuels à long terme, s’adapter aux pratiques de recherche émergentes et accompagner les éditeurs dans leur transition du format imprimé au numérique. Les participants ont également mis en avant l’envergure internationale du projet dès son origine et l’importance prise aujourd’hui par les plateformes dans la diffusion scientifique.
De gauche à droite : Thomas Mansier, Nathalie Fargier, Bruno Morandière, Viviane Boulétreau, Jean-Louis Soubret, Gilbert Puech et Élise Bergeron
« Transformer les collections en données : le rôle de CollEx-Persée dans l’accès aux collections pour la recherche »
Françoise Thibault (Alliance ATHENA) est ensuite revenue sur la création de Persée puis son association à l’infrastructure CollEx-Persée, inscrite sur la feuille de route nationale des infrastructures en information scientifique, en insistant sur l’importance de déployer des services guidés par l’usage. Ainsi la numérisation dans CollEx-Persée s’est-elle attachée à soutenir des projets co-construits entre chercheurs et professionnels de la documentation. Et si l’exigence de manipuler et d’exploiter informatiquement les corpus numérisés invite aujourd’hui à parler de données pour la recherche, Françoise Thibault a tenu à souligner leur nature toute particulière dans le cas de documents numérisés, produits dans le souci de maintenir une référence à la source.
« Vers un traitement automatisé des commentaires classiques : le projet Ajax Multi Commentary »
Présenté par Matteo Romanello (Chercheur à l’université de Lausanne), et Sven Najem-Meyer (Doctorant à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne), le projet Ajax Multi Commentary a permis d’illustrer, à travers le cas de l’entraînement de modèles d’IA, l’importance de la mise à disposition des corpus dans la conception de nouveaux outils à destination des chercheurs. Il apparaît notamment indispensable de disposer de données suffisamment quantitatives et qualitatives pour pouvoir tendre vers un traitement automatisé, constat qui souligne encore l’utilité d’une plateforme comme Persée dans la constitution de corpus de recherche.
« Produire des données enrichies : constituer les matériaux de la recherche de demain »
Fatiha Idmhand (Consortium ARIANE, HumaNum) et Anne-Marie Turcan-Verkerk (ÉquipEx Biblissima+) ont ensuite rejoint les porteurs du projet Ajax pour poursuivre la discussion dans le cadre d’une deuxième table ronde. L’importance de la disponibilité numérique des données a été une nouvelle fois évoquée, et l’accent mis cette fois sur la notion d’intégrité scientifique : avoir un accès direct aux sources permet de porter un regard critique et autonome sur les leçons et les interprétations des pairs. On s’est également interrogé sur la nature des jeux de données produites dans le cadre d’un projet de recherche, et leur ré-utilisation possible par d’autres chercheurs, qui nécessite leur description et leur référencement préalable. La table s’est conclue sur un double constat : l’accès à des données ouvertes, fiables, exhaustives et bien référencées est plus que jamais indispensable en vue de leur exploitation par l’IA et des traitements automatisés, et le travail du chercheur qui reste le plus à même de les rassembler et de les manipuler, est primordial dans leur constitution.
De gauche à droite : Agnieszka Halczuk, Fatiha Idmhand, Anne-Marie Turcan-Verkerk, Matteo Romanello et Sven Najem-Meyer
Rendez-vous dans 20 ans !
La journée s’est clôturée de manière festive autour d’un cocktail anniversaire, qui a permis de prolonger les échanges et d’ouvrir, peut-être, la voie à de nouveaux projets…
